En honneur de Brigitte Woggon, Prof. Dr. méd. (1943 – 2019)

Hommage du Prof. Dr. méd. Erich Seifritz, professeur ordinaire en psychiatrie à l’Université de Zurich et directeur de la Clinique de psychiatrie, psychothérapie et psychosomatique de la clinique psychiatrique universitaire de Zurich

Lors du symposium à l’occasion de la retraite de la Professeure Dr. méd. Brigitte Woggon en 2008, Andreas Fischer, à l’époque recteur de l’Université de Zurich, l’appela « Mère courage civil ». Dans sa plaquette anniversaire de 2010, l’Université, quant à elle, honora son activité de presque 40 ans à la clinique universitaire psychiatrique (PUK) de Zurich sous le titre « Wer sich nicht wehrt, geht unter» qu’on peut traduire librement par « s’engager ou périr ».

De 1970 à 2009, après des études de médecine et une formation clinique postgraduée à Berlin, Brigitte Woggon a travaillé en tant que médecin dans différentes fonctions à la PUK de Zurich. Elle devint en 1973 la première médecin cheffe de la clinique et a été en 1983, à l’Université de Zurich, la première femme à soutenir sa thèse du domaine de la psychiatrie clinique accordant une priorité particulière à la psychopharmacothérapie. En 1990, elle fut nommée professeure titulaire, puis, en 1996, professeure extraordinaire de l’Université de Zurich. De 1988 à 1990 elle officia en tant que directrice de clinique ad intérim de la PUK Zurich. À la suite de sa retraite début 2009, Brigitte Woggon a poursuivi son activité de psychiatre dans son propre cabinet à Zurich.

Son intérêt scientifique principal portait sur la recherche relative aux effets désirables et indésirables des médicaments sur les personnes atteintes de maladies psychiques.

Dans son activité, Brigitte Woggon a repoussé les limites et souvent aussi bousculé les conventions. Présidente de la commission en matière d’égalité de 2001 à 2008, son engagement dans l’élaboration et l’introduction du code de conduite encore en vigueur aujourd’hui, « Gender policy » de l’Université de Zurich, a été déterminant. Dans son activité clinique, son principe a toujours été : « Pour moi ce qui compte, c’est ce qui aide les patients ». Que son audace et son civisme ainsi que sa façon d’être parfois peu diplomatique ne lui ont pas valu que des avantages, va de soi. La pharmacothérapie à dose élevée qu’elle a développée pour les patients gravement malades ne réagissant plus ou pas assez aux traitements conventionnels ne faisait pas l’unanimité dans les milieux spécialisés. Brigitte Woggon tenait en particulier à transmettre son savoir à une communauté médicale étendue – particulièrement aux plus jeunes collègues. Pertinente et pleine d’humour, elle était une intervenante très appréciée dans les congrès. Bien après sa retraite encore elle entretenait son « Pharmakränzli » où les collègues intéressés pouvaient présenter des cas pratiques.

Je n’ai connu Brigitte Woggon que de loin. La seule brève rencontre personnelle a eu lieu dans les années nonante, à l’occasion d’un congrès de la SSPP au cours duquel elle s’est investie avec engagement dans la promotion de la relève en psychiatrie. Sa façon d’être, directe et d’un abord aisé, m’a impressionné. Plus tard, se sont ajoutées des rencontres avec d’anciennes et anciens patients de Brigitte Woggon qui m’ont rapporté les avantages qu’ils auraient tirés de son engagement thérapeutique sans faille et de son optimisme. Personnalité marquante, complexe et pleine d’humour, médecin engagée pour les patientes et patients souffrant de graves troubles psychiques et enseignante académique, Brigitte Woggon laisse un souvenir positif.

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